mercredi 25 janvier 2012

London coin coin

Fait divers

Salut les filles! Moi, c’est Amédée, le matou du quartier.
Amédée est le nom que me donne la vieille dame qui habite la maison en face.
Parce que du côté de la volaille et des minets du coin, on me surnomme plutôt “le tueur”.
Faut dire que plus d’un est déjà reparti la queue entre les pattes ou les oreilles arrachées pour avoir osé m’affronter.
Vous vous demandez d’où me viennent mon œil en moins et cette balafre.
Hé bien, puisque nous somme tout près, venez avec moi jusqu’à la propriété de la comtesse. Vous allez vite comprendre.

Installez-vous à côté de moi sur le mur en plein soleil.
Tiens, il y a de l’animation aujourd’hui.
S’il n’y avait pas ces voitures de police et ces badauds devant la grille, j’aurais pensé que la comtesse recevait.
Dans ce cas, un petit tour par les poubelles quand tout est fini s’impose. Car il faut au moins lui reconnaitre cette qualité. Elle sait recevoir, petits fours et compagnie.
Par contre, il ne faut pas se faire prendre, car malgré les apparences et ses 117 chiens, elle n’aime pas du tout les animaux.
Si vous voyiez dans quel état sont ces pauvres bêtes. J’vais pas vous dire que j’aime les chiens, que du contraire, mais les voir dans cet état, ça me fend le cœur. J’suis un grand sentimental dans le fond.
Pour en revenir à ma balafre, le sujet qui vous intéresse, vous voyez ce grand chien qui s’enfuit avec le policier qui lui court après ?
Figurez-vous qu’il y a 3-4 ans j’avais décidé de faire un petit tour des poubelles de la comtesse après une réception.
J’me suis dit. Rien à craindre. La moitié des chiens est tellement affamée et galeuse qu’elle ne tient plus sur ses pattes. Quant à l’autre moitié, elle est enfermée.
Parce que ça fait des années que ça dure cette affaire. Et tout le voisinage était au courant. Et il n’a rien fait.
Le pire, c’est la vétérinaire de la comtesse. Elle passait ici tous les mois. Elle voyait bien ce qui se passait. Mais une bonne cliente comme ça, elle ne l’aurait pas dénoncé.
Moi, j’aurais bien été à la SPA, mais ils auraient été fichus de me garder. Et vous me connaissez, « Ni dieu, ni maître ! ». Je tiens trop à ma liberté.
Donc, pour en revenir à mon histoire, petit tour des poubelles sans me méfier. Quand soudain, un grondement sourd derrière moi me fait sortir la tête de la poubelle.
C’était ce gros chien, visiblement moins mal en point que les autres et pas du tout enfermé.
Un violent coup de patte m’a arraché la gueule avant que je puisse m’enfuir. Mais je ne lui en veut pas. Quel succès auprès des minettes depuis !
Et je ne vous dis pas l’odeur qu’il y avait. 117 chiens, plus les chevaux, car je ne vous avait pas dit qu’il y avait aussi des chevaux, en meilleur santé que les chiens d’ailleurs. Donc, 117 chiens et les chevaux dans la maison et les dépendances, on ne peut pas dire que ça sentait la rose. C’est bien simple, plus aucune femme de ménage ne voulait rester.
Mais je cause, je cause et le temps passe. Vous sentez cette bonne odeur de pizza ? L’italien du coin a dû finir le service de midi. Les minettes, je vous invite à un petit tour des poubelles que vous ne serez pas prêtes d’oublier.